L'épopée atlante ((( Petite anthologie atlante - 3 ))) |
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Diodore
de Sicile (2) Dans le livre V de sa "Bibliothèque historique", Diodore de Sicile est plus bref que dans son livre III, mais finalement plus explicite sur le sujet. Plutarque Le dialogue de Plutarque (Ier s. ap. JC) d'où sont extraites ces lignes porte sur l'astronomie. Mais le passage reproduit ici nous concerne particulièrement... |
Diodore
de Sicile
XIX: " Après avoir parlé des îles
situées en deçà des Colonnes d'Hercule, nous allons décrire celles qui
sont dans l'Océan. Du côté de la Libye on trouve une île dans la haute
mer, d'une étendue considérable et située dans l'Océan. Elle est éloignée
de la Libye de plusieurs journées de navigation et située à l'Occident.
Son sol est fertile, montagneux, peu plat et d'une grande beauté. Cette
île est arrosée par des fleuves navigables.(*) On y voit de nombreux jardins
plantés de toutes sortes d'arbres et des vergers traversés par des sources
d'eau douce. La région montagneuse est couverte de bois épais […] enfin,
l'air est si tempéré que les fruits et d'autres produits y croissent en
abondance pendant la plus grande partie de l'année [...] "
(Traduit du grec par Ferdinand Hoefer) (*) Il est à noter qu'aucune île "actuelle" de ce que l'on nomme la Macaronésie (Canaries, Açores, Madère, Cap Vert ...) ne comporte de fleuve navigable. PLUTARQUE […] Je n'avais pas encore tout à fait terminé, que Sylla, prenant la parole : "Arrêtez-vous, Lamprias, me dit-il, et mettez un terme à vos développements. Cet entretien va devenir, sans que vous vous en aperceviez, une barque qui s'échoue. Vous allez brouiller mon drame, dont la scène et la disposition sont toutes différentes. C'est moi qui suis l'acteur, et je vous dirai tout de suite quel est l'auteur. Rien ne s'oppose à ce que je débute à la façon d'Homère: Ogygie est une île éloignée en la mer, à cinq jours de la Grande-Bretagne, et à l'ouest. Trois autres îles, à égale distance de cette île et entre elles, sont placées en avant, et tout à fait au sud-ouest. Dans une de ces îles, suivant les traditions mythologiques des barbares, Saturne fut emprisonné par Jupiter. Sous la surveillance de son fils, il résidait dans la plus reculée, et au-delà de la portion de mer qu'on appelle mer Saturnienne. Les barbares ajoutent que le grand continent qui environne en cercle la grande mer, un peu moins éloigné des autres îles, est à environ cinq mille stades d'Ogygie, et que l'on ne peut y aborder qu'avec des bâtiments à rames. Les eaux, en effet, ne permettent qu'une lente navigation, et sont rendues bourbeuses par la quantité de vase qu'y déposent de nombreux affluents venus de la terre ferme. Il en résulte de tels atterrissements que la mer en est épaisse: elle prend une sorte de consistance, à ce point qu'on l'a crue glacée . La partie de ce continent qui longe la mer est occupée par des Grecs. Ils s'étendent sur un golfe qui n'a pas moins de surface que les palus Méotides (i.e. la Mer d'Azov) et dont l'embouchure répond précisément, en ligne droite, à celle de la mer Caspienne. Ils s'appellent et s'estiment continentaux, et ils donnent le nom d'insulaires à ceux qui habitent notre sol, attendu qu'il est entouré par la mer de tous les côtés. D'après eux, aux peuples de Saturne se mêlèrent, plus tard, ceux qui, venus avec Hercule, furent laissés dans cette contrée; et l'élément grec, déjà éteint et dominé par l'influence de la langue, des lois et du régime barbares, se trouva comme ranimé, grâce à cette adjonction qui lui donna une nouvelle puissance et un nouveau développement. Voilà pourquoi, chez eux, les premiers honneurs sont pour Hercule et les seconds pour Saturne. Quand l'étoile de Saturne, par nous appelée Phénon et par eux - me fut-il dit - Nycturus, est arrivée au signe du Taureau, ce qui exige une révolution de trente ans, ils procèdent à un sacrifice préparé longtemps à l'avance. On organise aussi une expédition maritime dans les conditions suivantes. Des habitants désignés par le sort montent chacun sur un nombre égal d'esquifs; là ils ont soigneusement ménagé tout ce qui est nécessaire pour un voyage à rame sur une mer aussi considérable, et pour un aussi long séjour en pays étranger. Une fois partis, nos navigateurs éprouvent, comme on le conçoit bien, des fortunes diverses. Ceux qui ont échappé aux hasards de la mer commencent par aborder dans les îles opposées, où habitent des Grecs. Là, durant trente jours, ils voient le soleil se dérober moins d'une heure. C'est là ce qui constitue la nuit: une espèce de crépuscule léger, entre chien et loup comme on dit, et qui règne après le coucher du soleil. Ils restent là durant quatre-vingt-dix jours, au milieu d'hommages, de soins affectueux, et estimés, proclamés personnages saints; après quoi les vents les remportent de nouveau au-delà de la mer. Personne d'autre n'habite leurs îles, à l'exception d'eux-mêmes et de ceux qui y furent envoyés avant eux. Il leur est permis de retourner dans leur patrie quand ils ont été voués treize ans au culte du dieu; mais ils préfèrent, pour la plupart, prolonger là leur séjour: les uns par habitude, les autres parce que, sans travail et sans embarras, ils se trouvent libres de consacrer tout leur temps à l'étude et à la philosophie. "Rien n'est plus merveilleux que la nature de cette île. L'air y est d'une douceur charmante. Quant à ceux qui pensaient à la quitter, le dieu les en empêcha en venant se présenter à eux comme on ferait à des familiers et des amis: car ce n'est pas seulement en songe ou par des visions symboliques, c'est face à face que beaucoup de ces insulaires voient des génies et conversent avec eux. Pour ce qui est de Saturne lui-même, il réside dans une grotte profonde, endormi sur un rocher étincelant comme de l'or; c'est le sommeil que Jupiter a imaginé de lui donner pour lien [...] Les génies dont nous avons parlé entourent Saturne et lui prodiguent leurs soins. C'étaient eux qui composaient sa cour quand il régnait sur les dieux et les hommes. Ayant par eux-mêmes le don de prophétie, ils rendent beaucoup d'oracles et, sur les événements de la plus grande importance, ils formulent des révélations précieuses qu'ils présentent comme les songes de Saturne. En effet, tout ce que Jupiter médite à l'avance, Saturne le voit en dormant et son réveil se signale par des passions qui rappellent celles des titans, par des tempêtes soulevées dans son imagination. Puis le sommeil vient le calmer complètement [...] " Transporté dans cette île, l'étranger qui m'a raconté ces détails y rendit à loisir ses hommages au dieu. Il amassa en astronomie autant de connaissances que l'on peut en acquérir lorsqu'on est géomètre consommé et, pour les études philosophiques, il approfondit celles qui se rattachent à la nature. Il se sentait en outre le désir - comme le besoin - de connaître la grande île: ainsi appelle-t-on là-bas, à ce qu'il parait, le séjour que nous habitons. Quand ses trente ans furent expirés et que, de son pays, d'autres furent venus prendre sa place, il dit adieu à ses amis et se mit en mer [...J Quelles aventures furent les siennes, quelles populations il traversa, déchiffrant les caractères sacrés, se faisant initier à tous les mystères, c'est ce qu'il me faudrait plus d'un jour pour vous raconter, Si je prétendais reproduire ses récits avec les détails et l'exactitude qu'il y apporta [...] Il séjourna plus longtemps qu'ailleurs à Carthage, attendu que Saturne y est particulièrement honoré. Quand la première Carthage avait été détruite, des parchemins sacrés avaient été emportés secrètement et avaient longtemps disparu, enfouis sous la terre [...] " (Traduit du grec par M. Bétolaud) in " Les Atlantides, généalogie d'un mythe " d'Olivier Boura (Arléa, 1993) voir page " Liens et références "
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