Athéna
vs Poséidon
Si le Parthénon est indiscutablement
le temple d'Athéna c'est, plus que cela, le temple d'Athéna
triomphante. Les Athéniens en se plaçant sous la protection
de cette déesse avaient délibérément choisi
le camp des vainqueurs et, même si ce qu'ils célébraient
par les sculptures de ce temple ne les avait pas concernés directement
ils en accaparaient l'héritage avec délectation.
L'interprétation de la frise ionique
ne peut se faire QUE à la lueur des autres sculptures, qui, elles,
sont clairement identifiées.
Les quatre ensembles de métopes
décrivent clairement des combats, mythiques ou légendaires,
ils ne sont pas spécialement liés à Athéna.Cependant
ils illustrent peut-être les victoires de l'ordre sur le désordre,
désordre des monstres ou désordre moral .
Les imposantes sculptures des frontons
annoncent clairement la couleur: Athéna, née "de
la tête de Zeus" a une puissance éclatante.Quant à
la légende concernant la revendication de l'Attique et donc l'opposition
entre Athéna et Poséidon elle semble centrale pour comprendre
la frise.
On sait que Poséidon, avide de royaumes
terrestres, avait un jour jeté son dévolu sur l'Attique
et que pour manifester sa prise de possession il avait planté son
trident dans l'acropole d'Athènes ce qui donna immédiatement
naissance à un puits d'eau salée.
Plus tard, Athéna planta un olivier
près du puits. Poséidon, furieux la provoqua en combat singulier.
Zeus arrêta les préparatifs guerriers et leur imposa de se
soumettre à l'arbitrage des dieux. Tous les dieux soutinrent Poséidon
et toutes les déesses soutinrent Athéna. A la majorité
d'une voix le tribunal décréta qu'Athéna avait plus
de droits sur le territoire parce qu'elle lui avait fait un meilleur cadeau.
Telle est l'histoire ordinairement racontée.
Or, on sait que Poséidon est le dieu central de l'Atlantide. Toute
opposition entre ce dieu et un autre peut être comprise comme la
transposition mythique d'un combat entre les Atlantes et un autre peuple.
Ici donc, entre les Atlantes et les "paléo-Grecs" (Pélasges?).
C'est à dire selon toute vraisemblance, la guerre qui est racontée
par Platon dans le Timée et le Critias... Guerre
qui, toujours selon Platon, s'est terminée effectivement par la
victoire des "Athéniens" (par simplification)
sur les Atlantes.
En considérant donc cet environnement
de guerres, de combats, d'oppositions, on a un peu de peine à imaginer
que la frise qui court tout autour du temple, soit une simple procession
rituelle, tranquille, paisible, presque ordinaire et neutre... En considérant
en outre son emplacement qui en fait presque une frise secrète
ou en tout cas une frise dont le sens caché ne devait pas être
révélé au non-initié, c'est à dire
"ésotérique" au sens premier du terme, on commence
à avoir un aperçu tout différent. Notre vision de
la frise est peut-être tout simplement faussée par deux cents
ans d'interprétations erronnées. Et, la tentative du Pr
Connelly le montre bien, d'autres interprétations moins paisibles
(elle propose, rappelons-le, d'y voir un triple sacrifice humain)
sont parfaitement envisageables.
"Et
les ayant rassemblés, il dit..."
On sait que cet intertitre retranscrit
la dernière phrase conservée du Critias qui s'arrête
là sans que l'on sache exactement la raison de cette abrupte fin
( la suite n'a pas été écrite par Platon, elle
a été écrite mais perdue, etc... ) .
Le dieu des dieux, Zeus,
lui qui règne par les lois, parce qu'il avait le pouvoir de percevoir
ce genre de choses, comprit combien cette race douée de toutes les qualités
était devenue misérable. Il voulut leur appliquer un châtiment afin
de les faire réfléchir et de les ramener à plus de modération ; il réunit
à cet effet tous les dieux, dans leur plus noble demeure qui se trouve
au centre de l'univers et qui a vue sur tout ce qui participe au devenir.
Et les ayant rassemblés, il dit... (fin du "Critias")
L'interprétation (nouvelle) proposée
ici est que la frise ionique du Parthénon est la représentation
(*) de cette assemblée des dieux
dont les délibérations vont finalement conduire à
la destruction de l'Atlantide, quant à la "procession"
il s'agirait des cérémonies de préparation à
la guerre qui va conduire à la victoire des "Athéniens"
(encore une fois: désignation fausse, simplement utilisée
faute de mieux pour simplifier) contre les Atlantes.
(*)
Interprétation mythologique (évidemment!) grecque
et très largement postérieure, d'un événement
qui, lui, était naturel (mais qui a dû paraître
sur-naturel en raison de son ampleur).
S'il est vrai que la première mention
écrite que nous ayons de l'Atlantide date des environs de -355
(date supposée du Critias et du Timée de Platon),
s'il est vrai que le Parthénon date des années -447 / -432,
il semble toutefois parfaitement imaginable que la connaissance de ces
événements (guerre contre les Atlantes, disparition de l'Atlantide)
se soit transmise secrètement sous forme d'enseignement ésotérique
dans de petites sociétés d'initiés et ce depuis les
périodes les plus anciennes. Et cela, quoi qu'en dise Platon, en
Grèce aussi bien qu'en Egypte. De toute manière les relations
entre la Grèce et l'Egypte ne datent pas de l'époque de
Solon et sont bien entendu beaucoup plus anciennes.
Que Phidias (ou l'entourage de Périclès)
ait eu connaissance de l'"épopée atlante" n'a
donc rien de surprenant. Après tout, les déluges et cataclysmes
divers que rapportent toutes les traditions n'ont pas fait disparaître
l'espèce humaine et les Grecs n'ont été qu'un maillon
supplémentaire dans cette antique tradition qui, rapportant des
événements tellements incroyables et épiques, n'a
pu qu'être un élément bénéficiant d'une
attention toute particulière.
Tellement particulière d'ailleurs,
que, pour être sûrs qu'elle ne se dilue pas, les dépositaires
ont dû se mettre à l'envelopper de mystères, à
ne la transmettre qu'à des personnes choisies.
On pourrait dire du reste, que Platon en
cette affaire, en la révélant, ne "joue pas le jeu"
(peut-être parce que finalement il était opposé
à tous ces mystères....)
Phidias, lui, en tout cas l'a joué.
En plaçant sa frise là où il l'a placée,
il était assuré de transmettre la tradition dont il était
dépositaire sans la dévoiler au grand public puisqu'elle
ne pouvait être qu'incompréhensible à l'observateur
non averti. Pour faire bonne mesure et finir d'embrouiller les pistes
il suffisait de donner à l'ensemble l'allure d'une procession
Comme de toute façon personne n'aurait l'idée saugrenue
de parcourir cent trente mètres pour faire le tour du temple,
le nez en l'air et presque sans recul, au risque de se rompre le cou,
il y avait effectivement peu de chance qu'un visiteur ordinaire apprenne
quelque chose qu'il n'aurait pas dû savoir en regardant cette
frise...
Evidemment, nous, nous pouvons la voir
d'une tout autre façon!
Répartis entre Londres et
Athènes (ainsi que Paris pour un panneau) les panneaux
formant la frise "est", celle contenant le "conseil des
dieux", n'est visible en tant qu'ensemble que "virtuellement".
(Frise Est, 280 Ko)
On voit nettement douze dieux olympiens
(accompagnés des deux divinités secondaires Niké
et Eros, Niké étant la personnification de la Victoire,
autre nom d'Athéna) dont le groupe assis est coupé exactement
en deux par une scène qui dans le cadre de l'interprétation
"Panathénées" est généralement considérée
comme "la remise du péplos" (drap brodé qui recouvrait
la statue d'Athéna) et dans l'hypothèse "Connelly"
est vue comme la préparation au sacrifice des trois filles d'Erechtéus.
Ce panneau (central) n'a pas encore reçu
d'interprétation totalement satisfaisante.
Si l'on observe l'ensemble de la frise
on a toutefois fortement l'impression qu'il ne s'agit pas d'une procession,
tout est assez statique et même les cavaliers ne peuvent pas "aller
bien loin"...
En résumé, il semble donc
tout à fait envisageable de considérer cette frise comme
en liaison avec l'Atlantide:
- La grande guerre contre les Atlantes
a été (si Platon a correctement rapporté les événements)
un fait majeur de la très haute antiquité "athénienne"
et à ce titre très digne d'être célébrée
au même titre par exemple que la guerre de Troie (qui n'était
pas considérée comme une fiction homérique mais
comme un fait bien réel)
- Ce ne sont pas les préparatifs
d'une fête joyeuse: les visages sont graves, fermés, préoccupés.
Il est clair que tout un peuple se prépare au combat et n'attend
plus que l'ordre des dieux.
- Les autres sculptures du Parthénon
sont également en liaison avec des guerres, pas avec des fêtes...
- Les dieux semblent bien participer à
une discussion contradictoire extrêmement sérieuse.
Le débat est ouvert.