L'épopée atlante ((( Dans le dédale des labyrinthes ))) |
||
|
Comme on l'a vu dans "La triple enceinte", les fortifications de la capitale atlante présentaient une très grande originalité. Pourraient-elles avoir servi de signe de reconnaissance à des "initiés" qui nous auraient laissé un peu partout et à toutes les époques des dessins, symboles, plans, labyrinthes et mandalas dont les enceintes concentriques "bâties par Poséidon" semblent fonder l'inspiration commune ? |
Les labyrinthes existent dans le monde entier depuis des millénaires. Les plus anciens datent de 15.000 ans. On en trouve en Amérique, en Suède en Grande-Bretagne, en Italie, en France, en Inde, en Egypte... Hérodote décrit celui du lac Moéris, construit par Aménemhet III, pharaon de la XIIème dynastie (il y a environ trente-huit siècles...). Ce labyrinthe considéré dans l'Antiquité comme une des Sept Merveilles du Monde ("le Labyrinthe d'Egypte") : " Il comprend douze cours couvertes et contiguës dont les portes se font vis-à-vis, six par six, le tout entouré d'un mur unique. L' intérieur contient trois mille chambres ... Toutes ces portes, toutes ces sorties, le nombre incalculable de couloirs, toutes ces allées et venues, me plongèrent dans l'émerveillement... Les murs sont couverts de bas-reliefs et chaque cour est bordée de colonnades en pierres blanches d'un travail impeccable. Une pyramide de quarante orgyes, où sont gravées des figures de grandes dimensions, se dresse à l'extrémité du labyrinthe... " Mais Hérodote considère que c'est le lac artificiel près duquel le labyrinthe est bâti qui mérite le plus d'éloges. Remarquons au passage qu'il n'est pas rare de voir l'eau associée aux labyrinthes... Le tracé complexe du labyrinthe se retrouvait aussi sur la porte de l'antre de la Sibylle de Cumes, d'après Virgile.
Que recèle donc finalement le labyrinthe? Serait-ce un souvenir caché du plan atlante dans lequel le temple de Poséidon ne pouvait être atteint que par les nombreux détours imposés par la triple enceinte ? Le plan si particulier de la capitale de l'Atlantide, les fortifications et douves circulaires, la hiérarchisation très nettement sensible dans la description de Platon entre le "monde extérieur" populeux sinon populacier de la zone portuaire et l'espèce de filtrage que permet la succession d'enceintes jusqu'au "saint des saints" réservé à l' élite s'accorde fort bien avec le sens profond du labyrinthe. Tous les labyrinthes ont en commun de permettre l'accès au centre par une sorte de voyage initiatique (et donc l'interdire à ceux qui ne sont pas qualifiés.). On a d'ailleurs souvent rapproché labyrinthes et mandalas (qui comportent parfois eux aussi un aspect labyrinthique). De même, dans une cité bâtie comme on imagine Poséidopolis, l'accès à l'île centrale devait être réservé, outre la "nécessaire" élite gouvernante, à des courtisans dont la vie avait dû être consacrée à "passer tous les barrages" pour parcourir les allées du Pouvoir. Nil novi sub sole... La "qualité" d'une personne se jugeant ainsi à l'anneau dans lequel elle évoluait. Le passage d'un anneau à l'autre se faisait peut être avec tout un cérémonial destiné à marquer les esprits, à assurer au "promu" une sorte de reconnaissance publique se traduisant dans l'esprit du peuple par une "amélioration" de la condition de l'heureux élu... Amélioration matérielle certainement, spirituelle peut-être, mais c'est ce dernier point seul qui aurait prévalu dans la mémoire collective.
A noter: malgré le nom de son constructeur, ce monument a toujours été considéré comme un labyrinthe et non un dédale... Par contre, le palais de Minos avec ses 1300 salles devait en être un, mais les deux bâtiments sont distincts..
Ce tracé se retrouve, gravé sur les parois rocheuses, en de multiples points du territoire hopi et est un motif qui se retrouve encore très fréquemment de nos jours sur les tissus, vanneries, poteries de ce peuple. On peut constater que, malgré le temps et surtout l'espace qui les sépare, ce labyrinthe est topologiquement identique au labyrinthe crétois !... Autre labyrinthe remarquable, celui qui est intégré au dallage de la cathédrale de Chartres, haut lieu sacré de l'Occident, et cela bien avant le christianisme, qui, là encore, n'a fait que reprendre en le détournant un antique rite païen. Le pèlerin découvrait au centre une rosace, reflet de celle du vitrail ornant la façade, et, très étrangement en ce lieu, l'image de Thésée et du Minotaure sur une plaque de bronze.... L'Église remplaça progressivement, dans les cathédrales et autres lieux de culte, l'image du Minotaure par celle du Christ avant d'entreprendre la destruction des labyrinthes apparaissant comme une impardonnable concession au paganisme.
Pour l'anecdote, citons une résurgence possible de cette figure dans l'inattendu "Jeu de l'Oie". Avec ses embûches, ses pénalités et ses retours en arrière, ce n'est pas un simple jeu anodin, mais il s'agit bien d'un véritable labyrinthe pour enfants, dans lequel la symbolique est tout à fait identique...
|
|