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L'épopée atlante
((( L'Atlantide et le culte du taureau )))


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[Barbare taurobole ] - [ Bisons ou taureaux ? ] - [ Mithra et le mithraïsme ]

[ Le Minotaure ] - [ Apis ] - [ Autres taureaux mythiques ]

[ Une étonnante découverte... ]

 


Barbare taurobole

"Des taureaux étaient libérés dans l'enceinte du sanctuaire de Poséidon ; les dix rois y étaient seuls et priaient le dieu de capturer la victime qui lui serait agréable ; sans armes de fer, avec des épieux et des lacs, ils se mettaient en chasse.

Celui des taureaux qu'ils avaient capturé, ils le conduisaient à la colonne et l'égorgeaient à son sommet, contre l'inscription. Sur la colonne, outre les lois, figurait un serment qui prononçait de terribles imprécations contre ceux qui le trahiraient.

Quand donc, après avoir sacrifié selon leurs lois, ils consacraient tous les membres du taureau, ils remplissaient de vin trempé un cratère, et lançaient un caillot de sang sur chacun d'eux. Le reste était porté au feu et la colonne était purifiée. "

(Platon, Critias)

Quiconque imaginerait encore une Atlantide de science-fiction peuplée d'Atlantes maîtrisant toutes les technologies imaginables se devrait de relire plusieurs fois cet extrait essentiel du "Critias". Car Platon ne nous décrit pas ici une survivance folklorique à la signification oubliée. Non, bien au contraire: la réunion des dix rois de l'Atlantide est présentée comme un moment fort de la vie de l'empire dont les décisions touchent à l'avenir du pays et de ses habitants. Or, ce qui est détaillé ici c'est le déroulement d'un culte archaïque et sauvage, bien à l'image d'ailleurs du taureau lui-même, animal chargé de puissance brute et primitive et à la forte et très diverse symbolique.

Se mettre en chasse sans justification alimentaire. Egorger un animal. S'asperger de sang. Voilà bien des actions qui ne dénotent pas le niveau de civilisation que certains ont cru devoir imaginer. Disons-le clairement, ces actes sont des actes barbares. [Le fait que, par certains aspects, on les retrouve, en tout ou partie, mis en oeuvre encore à notre époque (chasseurs du dimanche, pratiquants de certaines religions, aficionados de la tauromachie....) montre simplement le décalage culturel existant entre les diverses composantes d'une société, mais cette contemporanéité ne les rend pas moins barbares... Cependant, notre époque nous a habitués à des actes évidemment tellement pires que cette barbarie-là paraît bien inoffensive !...]

Peut-être vaudrait-il mieux parler de primitivisme . Oui, la société atlante apparaît bien avoir pu être une société primitive (sans connotation péjorative), une civilisation d'il y a cent vingt siècles, qui aurait pu s'épanouir grâce à des circonstances particulières et se développer peut-être plus que ses contemporaines, mais qui serait restée une société archaïque.

Mais, même primitive, cette société a pu être parfaitement organisée, connaître la navigation, l'architecture, la nécessité de respecter des lois, etc., etc... Ce serait une grave erreur de considérer une société primitive comme une société arriérée. Dans le cas précis de la société atlante c'est même une société "en avance" sur ses contemporaines que décrit Platon...

Cette mise au point effectuée, voyons quelles sont les conséquences que l'on peut tirer de l'existence de ce culte du taureau que nous dévoile ce sacrifice solennel et très codifié.

Outre le type de civilisation qui vient d'être esquissé, la présence d'un culte taurin en Atlantide implique essentiellement:

  • que toute terre atlante supposée devrait avoir hébergé une espèce de bovinés
  • que l'on devrait pouvoir "suivre" la trace d'un culte taurin (de préférence accompagné d'autres indices) d'une antiquité possiblement atlante à l'antiquité classique.

 


Bisons ou taureaux ?

Faudrait-il imaginer, contrairement certainement à ce qui a dû venir à l'esprit de Platon en décrivant cette cérémonie, nos rois atlantes chassant le bison ? Pourquoi pas ?

En effet, la seule espèce de boviné ayant plausiblement pâturé aux alentours de zones atlantes ne peut être que le bison des plaines américaines. Même si, par exemple, on a retrouvé dans les grottes du Poisson Bleu (Yukon) comme en Virginie des fossiles de bœuf musqué ("ovibos moschatus") c'est bien l'espèce "bison priscus" qui est le meilleur représentant des bovinés du Pléistocène supérieur qui à partir de la Béringie se répandirent au sud dans les prairies d'Amérique du Nord. Cette espèce évolua en "bison-latifrons" qui vécut en Amérique du Nord pendant 300.000 ans. Il y a 22.000 ans l'évolution conduisit à "bison-antiquus" qui devint "bison-bison" il y a 10.000 ans environ.

Bison qui est par ailleurs largement représenté dans les grottes ornées d'Europe occidentale et n'est donc pas aussi "exotique" qu'une assimilation un peu précipitée le laisserait entendre, même si sa répartition à l'époque atlante théorique devait déjà être un peu moins étendue...

Faut-il imaginer des taureaux plus conformes à l'image traditionnelle ? Pourquoi pas, là encore ? On a vu que les Atlantes sont supposés avoir établi des colonies ("Leur immense empire se composait d'une part de leur île toute entière, de beaucoup d'autres îles voisines ainsi que de portions du continent voisin, et, d'autre part, de la Libye jusqu'à l'Égypte ainsi que de la partie occidentale de l'Europe jusqu'à la Tyrrénie"). Dans cette partie occidentale de l'Europe, comme en Afrique du nord, les Atlantes auraient pu trouver des bovins à leur convenance et les "importer" dans leur île.

Et peut-être pourrait-on même aller plus loin, et imaginer que les Atlantes auraient pu également "emprunter", en même temps que l'animal, le culte qui "va avec"... Pourquoi, après tout, vouloir à tout prix une civilisation détenant tous les savoirs et les dispensant au reste de la Terre, alors que de tout temps, c'est par échanges, sources de mutuel enrichissement, que progresse l'humanité.

Le succès phénoménal du culte de Mithra à Rome et dans l'Empire Romain est un excellent exemple de ce type d'emprunt réussi:

 


Mithra et le mithraïsme

Mithra sacrifiant le taureau
"Mithra sacrifiant le taureau en présence du soleil et de la lune"
Musée du Louvre, Paris

(Un chien et un serpent boivent le sang qui sort de la plaie,
un scorpion pince les testicules de la bête.)

Dans l'Avesta, les écritures sacrées zoroastriennes des anciens Perses, Mithra apparaît comme l'esprit du bien et l'ordonnateur du monde, dieu de lumière et de sagesse. Il tue le taureau divin et, du corps agonisant de ce dernier, jaillirent toutes les plantes et animaux bénéfiques à la race humaine.

Après avoir conquis l'Assyrie au VII ème siècle av. J.-C. et Babylone au VI ème siècle av. J.-C., Mithra devint le dieu du soleil qui était désormais adoré en son nom. Les Grecs d'Asie Mineure identifièrent Mithra à Hélios, le dieu grec du soleil, contribuant ainsi à répandre son culte qui fut introduit à Rome vers 68 av. J.-C. Le mithraïsme se propagea très rapidement dans toute l'Italie et les différentes provinces romaines pendant le Bas-Empire. Il fut le rival du christianisme dans le monde romain.

Les initiés bénéficiaient de l’immortalité grâce au sacrifice d’un taureau qui reproduisait le sacrifice accompli par Mithra (pratique du taurobole purificateur). Les mystères de Mithra se célébraient dans des grottes ou des cryptes (les "mithraea"). Un taureau etait égorgé, cuisiné puis mangé avec du pain et du vin.

La tauroctonie (le sacrifice du taureau) est au centre de la liturgie des banquets sacrés. Mithra poursuit le taureau, s'agrippe à lui, le garrotte, le traîne par les pattes de derrière jusqu'à un antre où l'animal est frappé au cœur par l'épaule gauche.

Symboliquement, du corps de la victime, naissent toutes les herbes et plantes salutaires, de sa moelle épinière, germe le blé, qui donne le pain de la vie, et, de son sang, la vigne, qui produit le breuvage sacré des mystères.

Plusieurs représentations montrent Mithra chevauchant le taureau. Le taureau est souvent figuré dans une sorte de barque ou de croissant lunaire (la lune est considérée comme "renfermant la semence du taureau", et l'on sait par le néo-platonicien Porphyre que l'astre passait pour être source de vie, réservoir des âmes).

En domptant et immolant le taureau, Mithra force les âmes à s'incarner ou du moins à animer le monde matériel. Le sacrifice représente la victoire de la vie sur les forces du mal.

On racontait qu'après l'immolation du taureau Mithra était monté sur le char du Soleil. Cet épisode devait se renouveler à la fin des temps et Mithra embraserait le monde, comme Phaéton avait failli le faire. Mithra s'identifierait alors avec le Temps qui résorbe la création après l'avoir animée.

 


Le Minotaure

Thésée égorgeant le Minotaure

Thésée égorgeant le Minotaure
(vase grec antique)

Le Minotaure était un monstre à corps d’homme et tête de taureau, né des amours adultères et contre nature de la reine de Crète Pasiphaé et d'un taureau blanc que le roi Minos, son époux, avait refusé de sacrifier à Poséidon.

Epouvanté par cette naissance, le roi voulut en cacher la nouvelle à ses sujets, et il fit construire par Dédale un palais aux nombreux couloirs, aux salles enchevêtrées, et il ordonna qu'on y enfermât le Minotaure. (Ce labyrinthe était prétendument bâti sur le modèle du tombeau d'un roi d'Égypte, Mendès.)

Le monstre était nourri de chair humaine, fournie en particulier par le tribut annuel de sept jeunes gens et de sept jeunes filles d’Athènes. Cependant les Athéniens en eurent assez de ces sacrifices et chargèrent Thésée de tuer le Minotaure.

En arrivant, Thésée rencontre Dédale et Ariane, fille de Minos et de Pasiphaé, qui s’éprend de lui et lui remet du fil pour en ressortir. Thésée affronte le minotaure et le tue. Il enlève ensuite Ariane qu'il abandonne finalement sur l'île de Naxos. Découverte par Dionysos, elle fut épousée par le dieu.

De retour à Athènes, Thésée oublie de changer les voiles noires de son bateau en voiles blanches selon le code convenu au préalable, et son père, Egée, se jette dans la mer (qui depuis porte son nom) pensant que son fils est mort en affrontant le Minotaure.

 


Apis

Le culte du dieu égyptien Apis est attesté à une date très ancienne dans la ville de Memphis. L'institution de son culte est attribué à Ménès, le premier pharaon égyptien (vers -3000)

Il était représenté sous la forme d'un taureau noir que les prêtres savaient reconnaître à certaines marques mystiques: il devait avoir une tache blanche triangulaire sur le front ainsi que des taches blanches évoquant un vautour sur le dos et un croissant de lune sur le flanc droit

Symbole de force et de fécondité, Apis était associé à Ptah et à Rê (présence dans les représentations du disque solaire entre les cornes du taureau); puis il le fut surtout à Osiris, comme dieu funéraire.

L'intronisation et les funérailles du taureau Apis étaient célébrées dans le faste et avec des processions. Le corps du taureau, une fois embaumé, était déposé dans un caveau funéraire puis les prêtres recherchaient le successeur du taureau défunt et l'on fêtait l'intronisation du nouvel Apis.

Chaque taureau avait sa sépulture particulière. C'est sous Ramsès II, qui régna de ~ 1301 à ~ 1235, que l'on construisit une sépulture commune, le serapeum, découvert par Mariette à partir de la description de Strabon. Le serapeum lui-même était creusé sous terre et contenait les sépultures de vingt-huit Apis dans des sarcophages de granite.

 


Autres taureaux mythiques

Dès les premiers temps de la civilisation sumérienne, la puissance magique du Taureau s'exerçait à la fois sur les troupeaux et sur les récoltes. Ce culte participait encore du mimétisme préhistorique bien plus que du sentiment religieux, et certaines opérations avaient pour but de transférer la force fécondatrice de l'animal à la terre cultivée.

L'origine du culte du taureau se perd dans la nuit des temps et remonte sans aucun doute à la période néolithique et peut-être au-delà encore.

Grotte de Lascaux

La représentation fréquente de bovidés sur les parois des grottes labellisées "préhistoriques" montre bien l'importance accordée alors à ces animaux.

Outre les exemples de taureaux divins cités plus haut on peut mentionner:

  • dans l'Ancien Testament : mention du "Veau d'or", terme impropre et évidemment péjoratif: il s'agit en fait d'un taureau dont l'origine mésopotamienne est évidente.
  • dans la cité d'Ougarit: "Baal Iglu", signifie taureau et c'est précisemment ce nom, éguel en hébreu, que l'Exode utilise pour désigner le veau d'or.
  • à Ougarit encore le mot "thor" est également employé pour désigner un taureau adulte ou âgé associé à El, le père des Dieux.
  • en Assyrie, les grands taureaux à tête d'homme coiffés de tiares comme les souverains et les pontifes, et pourvus de grandes ailes
  • "Moloch", dieu féroce, a une tête de taureau sur un corps humain.
  • dans l'épopée de Gilgamesh, le héros est aussi aux prises avec un taureau divin:
    "À leur retour de la forêt des Cèdres et après leur victoire sur le géant monstrueux Humbaba , ils sont fêtés comme ils le méritent, mais l'exploit a également attiré sur Gilgamesh l'attention d'Ishtar, déesse à la fois de l'Amour et de la Guerre. Celle-ci lui fait des avances, mais le héros l'éconduit injurieusement. Ivre de rage, la déesse envoie sur Uruk une créature de cauchemar, le Taureau céleste, qu'elle a réussi à obtenir de son père Anu, roi des dieux. Gilgamesh et son compagnon Enkidu en triomphent cependant, et ridiculisent la déesse déconfite en lui jetant à la figure un (le!) membre de la bête."
  • dans la religion celtique on trouve le récit de la "Táin Bó Cúalnge" , ou "Razzia des vaches de Cooley", qui raconte la guerre entreprise par la reine du Connaught, Medb, alliée aux autres provinces d'Irlande, contre l'Ulster, pour la possession d'un taureau divin, le Brun de Cúalnge, qu'on lui avait refusé.
  • etc., etc.


Une étonnante découverte...

Les plus récentes recherches archéologiques ont montré que, au cours du Néolithique, deux figures divines se sont imposées (et deux seulement): d'une part la déesse-mère, symbole de fertilité, d'autre part le dieu-taureau, symbole de force virile.

Ces deux figures divines sont incontournables et se retrouvent dans pratiquement toutes les civilisations. Elles semblent bien être à la base de tous les panthéons connus.

D'après les archéologues c'est entre 10.000 et 9.000 ans av. JC que ces deux figures émergent au Moyen-Orient. Soit avant l'apparition de l'agriculture dans le schéma classique! Et à une époque très signifiante au niveau de l'Atlantide!

Curieusement, ces très récentes découvertes, ne sont pas en contradiction avec le schéma d'une civilisation "apportée" par des Atlantes rescapés... (Dans toutes les mythologies c'est une "divinité" qui enseigne aux hommes l'agriculture.).

Des Atlantes apportant aussi leur culte du dieu-taureau à des populations pratiquant le culte de la déesse-mère ?...

 

 
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