Les barques solaires
dans la mythologie égyptienne
Les barques ont toujours
eu une très grande importance dans le monde égyptien.
Dans la vie de tous les jours, évidemment, en raison de l'omniprésence
du Nil. Dans la vie spirituelle, surtout, pour ce qui concerne notre
étude, en raison du mythe bien connu de la barque solaire.
Rappelons en quelques
mots ce dont il s'agit : dans le culte funéraire égyptien tel
qu'il a pu être reconstitué, ces barques étaient construites
pour transporter les âmes des défunts dans le ciel, sur les traces du
dieu Soleil. Au départ pour les seuls pharaons, le culte s'est
ultérieurement étendu à des morts plus "ordinaires".
Les âmes des morts (devenus de nouveaux Osiris) rejoignaient la barque
du Soleil dans sa course céleste. Ces barques sont le plus souvent symboliques,
soit qu'elles soient peintes sur les murs du tombeau, soit qu'elles
soient représentées par des modèles réduits,
art dans lequel les Egyptiens étaient passés maîtres.
Les plus anciens textes
funéraires connus, les Textes des pyramides , gravés sur les
parois des chambres sépulcrales des rois de la fin de la Ve et VIe dynastie
constituent un ensemble de recettes magiques qui permettent au roi de
se protéger de tous les dangers dans l'autre monde, et de participer
à la navigation de la barque solaire. De multiples dangers la menacent
au cours de cette navigation nocturne, et le texte fournit les incantations
nécessaires pour les surmonter. Le Livre des Morts reprendra
nombre de ces formules:
Je suis
venu vers toi, ô maître du Pays sacré, Osiris, chef
des Occidentaux, qui existera pour toujours et à jamais.
Ô
vous qui ramenez le bac de Noun de dessus ce mauvais écueil,
amenez-moi le bac, attachez-moi les cordages, homme fort de la navigation!
Et voilà
que je pagaie dans cette barque, dans les canaux de Hotep, je pagaie
dans ses canaux pour gagner ses villes...
Osiris est le grand dieu
civilisateur égyptien. C'est lui qui a appris aux hommes l'agriculture,
la viticulture et enseigné les arts. Tué par Seth, il
est devenu, une fois ressuscité, le souverain des morts. Il préside
le tribunal lors de la "Pesée de l'âme" et il
est connu sous le nom de "chef des Occidentaux". En effet, les
Egyptiens plaçaient le pays des morts à ...l'extrême
occident !
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La barque funéraire de Khéops
C'est en 1954 que l'on
a retrouvé, à proximité des pyramides, sur le plateau
de Gizeh, une barque considérée comme la barque solaire
funéraire de Khéops.
Mesurant 43 mètres
de long sur 6 de large et 1,75 de profondeur, construit en bois de cèdre,
ce navire, dont on estime le déplacement à 45 tonnes,
se trouve en parfait état de conservation malgré ses 4500
ans d'âge.
Retrouvé démantelé
en 1224 morceaux, son remontage a pris dix ans. Il est maintenant installé
dans un musée au pied de la pyramide de Khéops, côté
sud, proche de l'endroit où il a été découvert.
(Il existe un projet de construction d'un nouveau musée qui permettrait
une meilleure mise en valeur de ce bateau ainsi que du deuxième,
presque identique à celui-ci, que l'on a localisé à
proximité.)
D'après plusieurs
spécialistes navals, ce navire est d'une conception particulièrement
hardie; présentant toutes les caractéristiques d'un navire
de haute mer, avec une proue pointant vers le haut, comme celle d'un
drakkar viking, et lui permettant ainsi de braver, non pas les remous
du Nil mais les vagues de l'Océan. Un tel navire n'a pu être
conçu que par un peuple ayant une longue et solide expérience
de la navigation hauturière. Ce qui n'est pas le cas
des Egyptiens, du moins selon la conception officielle des égyptologues.
La coque est formée
de centaines de morceaux de bois liés avec de la corde. Dans
l'eau, le bois humide gonflant et la corde se rétrécissant,
l'assemblage devient très ajusté ce qui rend tout calfatage
inutile.
Le bateau avait six
paires de longs avirons dont une paire à la proue servant de
gouvernail de direction.
( voir
ci-dessous, la même barque vue de dessus )
On peut légitimement
se demander quel aurait été l'intérêt de
construire un tel navire, technologiquement irréprochable pour
l'époque, s'il ne s'agissait que d'en faire un symbole.
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Les barques d'Abydos
La ville d'Abydos, en
Haute Egypte, s'honorait de fêtes grandioses pendant lesquelles
étaient représentés les principaux épisodes
de la vie d'Osiris.
Entre 1991 et 2000, les
archéologues y ont fait une découverte incroyable: une
flotte de 14 vaisseaux (au moins), soigneusement alignés
comme en un port, en plein désert!...Ces bateaux, longs d'une
vingtaine de mètres sur trois de large environ, ont bien été
reconnus par les archéologues comme de vrais barques, ayant navigué,
et non comme des objets symboliques. Ils devaient être manoeuvrés
par 30 rameurs environ.
Ces bateaux, estimés
de -3000 environ, précèdent la barque de Khéops
de 300 à 500 ans au moins ce qui en fait, à l'heure actuelle,
les plus anciens navires du monde!...
Construits en bois de
cèdre (probablement originaire du Liban) ces bateaux par leur
existence et leur taille témoignent d'une maîtrise maritime
certaine et de l'importance des échanges commerciaux qu'ils devaient
permettre.
Mais, comme pour la barque
de Khéops, tout le monde comprend aisément que aucun peuple
ne peut ni n'a jamais pu arriver à la perfection d'un objet technologiquement
"au point" à la première réalisation.
Tout le monde comprend que ces navires que nous retrouvons maintenant
n'ont pas pu être les premiers, qu'ils ont forcément été
précédés par d'autres. Comme en bien d'autres domaines
cependant on n'a jamais trouvé d' "ancêtres"
à ces types de navires.
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Des barques atlantes ?
Il est parfaitement envisageable
que les prêtres égyptiens aient organisé leur religion
en la théorisant sous la forme généralement développée
par les égyptologues. Les barques solaires, les peintures le
montrent, les Textes des Pyramides ou des sarcophages le disent, servaient
certainement de façon symbolique au transport de l'âme
du défunt. Cependant, la religion égyptienne telle que
nous la connaissons est relativement récente (les textes des
Pyramides, les plus anciens textes funéraires du monde sont datés
entre 2350 et 2180 av. JC, le Livre des Morts datant lui de vers -1500)
Serait-il envisageable
alors que l'événement déclencheur de
ce mythe de la navigation périlleuse, de la mort, de la renaissance,
soit lié au souvenir, plus ancien, de la destruction de l'Atlantide,
et de la navigation de rescapés jusqu'aux terres d'Egypte ?
Pourquoi pas ?
Le lieu devenu mythique
de l'Atlantide, assimilé par les survivants à la terre
des morts située loin à l'occident.
Les barques atlantes
copiées et recopiées par la nouvelle civilisation née
de la fusion des rescapés atlantes et des peuplades autochtones.
Ces barques quasiment
divines qui ont servi au transport de ces "dieux" sachant
tant de choses (l'agriculture, l'architecture, les arts...) et prenant
donc dans le culte organisé ultérieurement sur ce souvenir
un aspect central.
Ces barques adaptées
à la navigation en haute mer, sans raison apparente si on les
considère comme une production locale n'ayant besoin que de navires
destinés à une navigation fluviale.
Ces barques des dieux
légendaires du Premier Temps qui ont apporté en Egypte
(comme en bien d'autres contrées) les bienfaits de la civilisation
- de leur civilisation - l'astronomie, l'agriculture, l'architecture,
l'écriture peut-être, faisant franchir aux pauvres habitants
de la vallée du Nil un substantiel "bond en avant".
Comme un nouveau monde se bâtissant sur les ruines de l'ancien...
Les anciens Egyptiens
ont toujours considéré leur histoire comme s'articulant
en deux "temps": un "Premier Temps" pendant lequel
régnaient des "dieux", puis un second "temps"
pendant lequel la royauté passa à des hommes.
Le temple d'Edfou, en
Haute Egypte, consacré à Horus, contient un grand nombre
d'inscriptions relatives à ce Premier Temps. Ces hiéroglyphes
seraient, d'après certaines interprétations, une
incroyable confirmation de l'hypothèse atlante... Ces textes
uniques donneraient en effet une grande importance à "Sept
Sages" qui étaient considérés comme étant
les seuls à savoir construire des temples et autres bâtiments.
Et les textes préciseraient que les sept sages et les autres
dieux étaient originaires d'une île, la "Patrie
des Primordiaux". Un déluge aurait provoqué la destruction
de cette terre et la grande majorité de ses "divins habitants"
aurait été noyée. A leur arrivée en Egypte,
les rares survivants seraient devenus "les Anciens qui ont illuminé
cette terre".
On sait combien les interprétations
des hiéroglyphes peuvent être délicates, alors,
même si cette lecture semble parfaitement "coller au scénario",
on est malgré tout obligé d'être prudent.
Toutefois, tous les égyptologues
reconnaissent sans aucune réticence que, dans la plupart des
cosmogonies des cités égyptiennes, l'origine du monde
actuel est bien un tertre solaire émergeant de l'Océan
primordial.
Du tertre primordial
à l'île émergeant des flots il n'y a peut-être,
après tout, que quelques coups de rame !...